BIEN-VENUE
LES GENS D’ICI
& D’AILLEURS

De ma naissance à Madagascar, je garde, profondément ancré dans mes cellules le goût du voyage et de la découverte.

Au fil des mots


À l’heure de la becquée

Après avoir brûlé sous les rayons d’un soleil au zénith, bravé une luminosité aveuglante et sué sous une température caniculaire, parvenue à la bien nommée « porte d’enfer » je m’approche au plus près de la falaise où je suis gratifiée d’un spectacle unique de 2 adultes Phaéton à bec rouge concentrés sur la surveillance de leur unique petit, l’un occupé à lui donner la becquée et l’autre à surveiller le lieu tel le gardien du temple d’un monde antique fait de rocaille et de lave solidifiée.

Je n’aurais espéré plus belle rencontre que cette famille réunie.

Un moment de pure exaltation où, nichée à même le sol dans l’anfractuosité de la roche, totalement inaccessible à l’Homme et balayée par des vents violents où les vagues rugissent et viennent s’écraser furieusement sur ses parois, cette famille de Phaéton à bec rouge, impassible aux phénomènes alentours, s’occupe amoureusement de l’éducation de sa progéniture.

Le vent cingle violemment mon visage et me fait vaciller m’obligeant à m’asseoir sur la roche aux multiples aspérités.

Je suis pétrie de gratitude et le spectacle qui se déroule devant moi me fait oublier mon assise inconfortable… je n’entends rien, pas même le vent ni les vagues, je suis béate d’admiration, mon cœur tambourine à tout va et je ressens le vertige d’un bonheur immense.

Un spectacle unique qu’une main céleste m’offre comme une récompense à mon audace, une récompense pour avoir osé affronter les obstacles que la nature méfiante a mis sur mon chemin, un satisfecit pour m’être aventurée hors des chemins battus et avoir voulu observer les mystères et comprendre les secrets d’une nature ô combien riche et généreuse.


À Sossusvlei – “la mer de sable

Je suis médusée par le spectacle qu’offre les impressionnantes dunes façonnées par le vent. Au cœur du désert du Namib, dans ce décor somptueux, la lumière dessine les contours d’un paysage fabuleux soulignant la géométrie des lignes, des courbes, des formes, un jeu d’échelle des dunes, et offre une infinie palette d’ombres et de clarté, conférant à ces paysages un graphisme unique.
Une palette de couleurs exceptionnelles allant du rouge à l’ocre en passant par le brun et des touffes d’herbes jaunies comme quelques cheveux sur des crânes dégarnis.
Ces dunes aux dimensions vertigineuses [plus de 375 mètres de haut] constituées de sable de quartz coloré et d’oxyde de fer [plus la nuance de rouge est intense et plus la dune est âgée] en provenance du Kalahari, forment un décor incomparable vieux de plus de 5 millions d’années qui nous ramène à notre impermanence et notre humanité ; face à ces géantes je ressens la fugacité de la vie…
La nature a trouvé là un équilibre parfait, les éléments se rencontrent et s’adaptent, s’unissent et forment ensemble une harmonie absolue, tout y est apaisement et sérénité, un spectacle grandiose où tout est parfaitement à sa place.

Ainsi va la vie à Sossusvlei en Namibie.


Bonjour tristesse

Le ciel grommelle et montre sa mine des mauvais jours, renfrogné et bougon, chagrin il a revêtu son manteau de tristesse et se répand en rivière de pleurs.

Il dégouline et ruisselle le long des tignasses denses et emmêlées des feuillages, il suinte de désespoir et distille sa morosité dans un paysage accablé.

Les tiges et les branches plient sous le poids des pleurs et, secouées par le vent, égouttent les larmes d’un ciel affligé.

Après un déluge de tristesse dans les interstices des frondaisons, à l’abri des tonnelles de verdure il se murmure pourtant que le chagrin s’éloigne et que les larmes se tarissent, bientôt le ciel retrouvera son sourire et sa luminosité égayera de nouveau l’horizon.


Dans l’intimité d’un timide

Avec sa mine grincheuse et chiffonnée le ciel tarde à ouvrir ses bras au plein azur, les nuages lourds de tristesse menacent de déverser leur chagrin sur le paysage alentour et le soleil s’impatiente de n’avoir pas l’espace suffisant pour darder ses rayons.

C’est un de ces matins où l’aube s’accroche à ses insomnies et peine à sortir de sa léthargie, un réveil qui s’attarde et se traîne alors que l’aurore trépigne d’impatience.

Les larmes de la nuit ont raviné la terre et laissé de profonds sillons à quelques endroits épars.

Je me surprends à imaginer que mes amis ailés y trouveront là leur plaisir et je t’aperçois… ton œil élégamment maquillé de jaune et parfaitement rond s’accorde harmonieusement au jaune de ton bec. Tu entreprends une toilette minutieuse et je savoure le spectacle que tu m’offres, tu plonges, tu t’ébroues et, tout en frémissant de plaisir tu guettes les environs et t’échappes à la moindre menace. Toi le grand timide, il est si rare de te voir, tu nous gratifies plus souvent de ton chant semblable au miaulement d’un chat que de la vue de ton plumage.

Tenter de t’apercevoir relève de la magie, alors aujourd’hui encore la vie s’est montrée magicienne et m’a comblée de ces merveilleuses émotions que seule la nature peut m’offrir !


Dans le jardin d’Eden

Je suis entrée dans le monde du silence que seuls le frôlement du vent sur les feuilles et le chant des oiseaux viennent troubler.

Assise dans l’herbe au pied d’un rocher, dissimulée aux regards je me remplis les yeux du vert dominant.

Les teintes jaune, orange, vert, des dissemblances éblouissantes, autant de coloris pour une nature qui s’épanouit, lorsque dans un bruissement d’ailes tu viens, juste devant moi, butiner le suc d’un flamboyant nain, puis tu poursuis ton vol pour te poser tout aussi près, au sommet d’un cactus, tel un porte-drapeau.

Tu domines et surveilles ton garde-manger des potentiels intrus, chapardeurs de nectar.

Comme tu es petit ! oiseau miniature, pas plus grand qu’un bourdon, tu t’agites de branche et branche et te remplis de ce sucre nourricier, distillant ainsi dans ton petit corps l’énergie indispensable à ton existence.

Petit être aux éblouissantes déclinaisons de vert tu as embelli ma journée.

Je me suis nourrie à ta source… et découvert le jardin d’Eden.


JOLIE “MOISSON

À l’écart du brouhaha et de l’agitation des Hommes, loin de la cacophonie du monde je plonge dans mon univers feutré, fait de silence et de grands arbres où, étendant leurs longs bras noueux vers le ciel, ils m’enveloppent de leur imposante stature.

Je pénètre avec respect et humilité dans cet abri de silence où les fougères arborescentes s’offrent au soleil en déployant largement leur fronde comme une offrande aux Dieux et où les arbres dénudés projettent leur hampe vers le ciel azur pour m’indiquer la direction de l’infini.

Chacun de mes pas se fait discret et j’évite, sans même m’en apercevoir, d’écraser les feuilles mortes pour ne pas interrompre le silence et froisser ainsi la paix de cette cathédrale mutique.

Les orchidées sauvages redoublent de couleurs et d’élégance alors que les épiphytes se regroupent en communauté pour s’unir aux mousses et habiller de vert les troncs des géants, fiers de leurs somptueuses parures.

Quelques frétillants lutins m’accompagnent dans ma quête et distillent la douceur sur leur passage comme des elfes projetant de la poussière d’étoiles sur leur chemin.

Merci la vie pour tant de beauté !


L’arbre chanteur

Dans mon monde parallèle il y a des arbres qui chantent ; fadaises me direz-vous… et pourtant !

Alors que je m’installe à l’affût tout près d’un campêche, je découvre ébahie que des sons joyeux et animés sortent du feuillage.

Quelle surprise de découvrir et d’entendre un arbre chanter.

Est-il si heureux qu’il en émet des sons de plaisir ?

Ma curiosité est alors piquée au vif lorsqu’apparaît une multitude d’habitants miniatures.

Je reconnais une ribambelle d’Euplectes Franciscains en plumage internuptial… des petits lutins de 10 cm qui s’adonnent joyeusement à de ferventes courses poursuites dans un charmant chahut à quelque pas de moi.

Complètement médusée et fascinée, je reste figée sans même oser respirer.

Leur tête brune finement mouchetée avec un sourcil beige et leur bec court, conique, pointu et rose me subjuguent, je suis sous le charme de cette magnifique rencontre.

J’ai découvert le secret de l’arbre qui chante !!


L’Euplecte franciscain en mode séduction

Je pénètre dans cette immensité verte, que je sais être ton terrain de jeux, aux hautes herbes à perte de vue qui se déclinent en une gigantesque palette de vert, du plus foncé au plus tendre comme une grande famille dont les membres se présenteraient du plus âgé au plus jeune.

J’avance sur des chemins aux ornières gonflées des eaux des pluies récentes, remplies de limon glissant et de substrat où le risque de glisser et de s’affaler est omniprésent, impossible alors de s’allonger au sol. Lorsque j’entends ce son caractéristique qui me signale ta présence je m’avance furtivement, je me fais herbes, je me fais broussailles et me fonds dans cette tourbe, cette terre meuble et argileuse détrempée pour t’approcher et vivre au plus près l’art subtil de la séduction façon Euplecte franciscain.

Toute proche, je vibre au son du claquement de tes ailes et me réjouis de voir une demoiselle sensible à ton jeu raffiné, elle se rapproche ostensiblement et commence alors, entre vous, une véritable danse sacrée, chacun se montrant le plus entreprenant pour attirer l’attention de l’autre. Un moment de grâce où tu te caches pour mieux la surprendre et brusquement la poursuivre de tes ardeurs d’un vol horizontal et saccadé alors que, la demoiselle séduite par ton charme, au comble de l’excitation s’enfuit pour se poser à proximité dans un fourré d’arbuste épineux en t’appelant de ses petits cris grinçants.

Un jeu exquis fait de claquements d’ailes, de courses-poursuites et de bruits chuintants qui prennent de la hauteur jusqu’à devenir des cris perçants.

Des rayures rouges strient l’espace et c’est un festival de couleurs qui se joue devant mes yeux ébahis, je suis dans l’intimité d’une rencontre, dans le secret d’un amour naissant, la spectatrice privilégiée d’une communion entre 2 petits bouts de vie, un moment unique où je pénètre dans le sanctuaire de l’amour des minuscules semeurs de vie.


L’offrande du Noddi brun

Le temps s’arrête, l’instant se fige et s’inscrit en lettres d’or dans ma mémoire. Je perds toute notion de réalité et me transporte comme dans un rêve, unique témoin de la parade nuptiale du Noddi brun.

Ce moment rare où je vibre silencieusement à l’unisson de mes hôtes, au rythme des vagues déchaînées qui déferlent et viennent s’écraser le long de la falaise. Ce spectacle inouï d’un couple qui se courtise, se séduit et s’offre l’un à l’autre suivant des codes qui lui sont propres en s’affranchissant de la présence des autres membres de la colonie.

Ils se parlent silencieusement, hochent la tête, se saluent et se rapprochent, puis bec contre bec semblent esquisser une étreinte. Alors le moment est venu de régurgiter l’offrande… cette ultime démonstration de l’attrait ressenti pour son autre, ce signe indiscutable qu’ils sont faits l’un pour l’autre, cette marque évidente d’un couple qui s’est formé.

Entre le ciel et un petit bout de terre posée sur cette mer aux flots rugissants, je suis là remplie de gratitude, les yeux chargés de ce liquide au goût salé dont j’ignore s’il est des larmes ou des embruns.


Le Colibri falle vert

Dans les coulisses d’un monde parallèle, à l’orée d’un cloître de verdure à la végétation dense et luxuriante où la palette de vert se décline subtilement du plus clair au plus foncé, les fleurs d’Allamanda offrent à mon regard leur jaune d’or éclatant, les bougainvilliers aux épines acérées s’élancent en bouquets exubérants et révèlent leurs teintes violette et rouge et les branches de flamboyants ploient sous la charge de leurs grappes de fleurs.

Mon regard se repaît de cette délicieuse vision où la nature rivalise de couleurs toutes plus éclatantes les unes que les autres et j’entends vivre cet univers de branches et de feuilles.

Je l’entends respirer et pousser, je l’entends suinter, froisser et parfois gémir, j’entends les branches de bambous plier sous la légère brise d’un Éole qui, pour l’heure, se veut délicat, susurrant à l’oreille des feuillus qu’il sait se faire timide et attentif.

Soudain un bourdonnement familier me parvient et entraine mon regard dans un mouvement de va et vient à la recherche de cette émeraude éclatante qui sillonne l’espace. Magnifique Colibri falle vert tu exposes ton liseré bleu métal qui ceint et habille ta gorge tel un collier de saphir et tu exhibes devant moi ton petit corps vert bronze.

Une apparition fugace qu’une main céleste me dévoile subrepticement comme un tour de magie et te voilà juste devant moi dans une frénésie de battements d’ailes. Merveilleux petit lutin à la gorge irisée, tu dévoiles tes reflets métalliques aux rayons du soleil et imprime sur ma rétine l’empreinte de ta présence. 5 grs de vie dont mon regard se gorge et dont mon âme se délecte.


Le Colibri huppé – un peu fou-fou

Un irrésistible désir de calme et de paix envahit tout mon être et je trépigne d’impatience devant le cadran de ma montre qui affiche solennellement chaque minute qui se meurt.

Les nuages de brume s’élèvent lentement et je frissonne de plaisir à la seule pensée des feuillus étendant leurs longs bras noueux vers le ciel.

La route me semble interminable et ses lacets glissants m’obligent à ralentir, alors même que l’envie de retrouver ma cathédrale de verdure se fait de plus en plus urgente.

Je ressens comme un appel du tréfonds de la forêt.

Je me hâte silencieusement et foule enfin la terre mouillée de cet antre qui m’ouvre grand les bras.

Je balaie du regard le paysage qui se dévoile à mes yeux et mets religieusement tous mes sens en éveil pour capter le moindre frisson de cette nature envoûtante.

Me voici dans mon élément au milieu de cette végétation exubérante et anarchique où se côtoient les essences les plus variées, des espèces envahissantes habillent et couvrent certains feuillus me donnant à observer des figures fantasmagoriques.

Alors que je me nourris de ce décor surnaturel je te découvre là, à te reposer quelques instants ! magnifique petit lutin au plumage vert bronze irisé… la crête frontale dressée tu sembles t’interroger sur ma présence sans qu’elle ne t’inquiète, plutôt curieux de l’apparition saugrenue de la bipède que je suis.

Nos regards se croisent et tu restes placide certain qu’aucun danger ne te guette.

Merci à toi petit lutin facétieux de m’accorder le privilège de ta compagnie, le temps de quelques déclenchements.


Le Colibri madère

Lorsqu’au détour d’un chemin de terre raviné par la pluie je te découvre non loin de moi posé sur une fragile brindille, je suis comme transportée dans un autre monde, un univers magique que j’imagine peuplé d’elfes et de petits hôtes fantasques.

Mini lutin au regard coquin tu combines les plus beaux bleus de la création et les mélange avec harmonie ! Tu es irrésistible de grâce et de beauté, tel un joyau tu éclabousses de lumière et irradies d’un éclat unique.

Si pour les Égyptiens, le bleu était une couleur porte-bonheur liée à l’immortalité et à la vérité et si au Moyen-Âge, il était vénéré et symbolisait la pureté, tu revêts alors la couleur céleste par essence et, à t’admirer, je comprends qu’il est la couleur de l’âme et de la sagesse.

Je suis émerveillée de ton apparition et je contemple chaque dessin de ton plumage, chaque reflet de tes ailes et remercie le ciel de m’avoir, une fois de plus, offert d’être l’observatrice silencieuse d’une de ses superbes créations.


Le Deadvlei –  marais mort

Quand le jour s’étire langoureusement sur le Deadvlei, la nature namibienne se fait artiste.

Elle est tour à tour sculpteur, peintre, architecte et propose à notre imaginaire une balade dans les dédales de notre inconscient où la poésie et la fiction se mêlent au réel d’une vallée asséchée aux mythiques acacias pétrifiés.

Un spectacle saisissant, fantasmagorique, un univers de chimères où les sens sont au comble de l’éveil.

Notre esprit divague et se perd avec délectation dans un monde imaginaire où chaque ombre, chaque souche porte une histoire et lorsque l’esprit s’attarde sur les bras noueux et secs c’est pour qu’ils reprennent vie et s’offrent au soleil comme une offrande au dieu Hélios.

Les ocres s’affirment et les courbes chevelues faites de poudre fine se dessinent avec grâce et volupté dans un paysage lunaire.

La nature nous montre son génie dans des formes improbables et originales qui donnent l’illusion d’une cité engloutie et pétrifiée.

Des veines asséchées et des reliefs fossilisés nous emmènent dans des méandres racinaires, à la recherche d’un orage séculaire ; des squelettes aux mains géantes où les doigts longs et effilés se prêtent aux jeux des ombres chinoises sur un parterre d’argile figé, des troncs tordus semblent supplier le ciel de leur rendre leur sève alors que des croutes d’argile blanche se sont pétrifiées comme une mer d’écume au pied d’un tronc fier et droit sur son monticule, assis là, comme un souverain sur son trône, gardien de ce royaume désertique.


Le lac des Flamants roses

Quand le lac Amboseli se transforme en une immense salle de danse à ciel ouvert, l’harmonie, le raffinement et la grâce s’installent sur la piste.

Je me laisse hypnotiser par le ballet des longues et fines jambes qui s’entrecroisent, forment des arabesques et se mélangent, pour évoluer en une merveilleuse chorégraphie au milieu d’un silence où l’imaginaire se plait à créer les notes de musique instillées par les entrechats, les adages et autres balancés qui m’ensorcellent.

Des cous effilés s’élancent dans l’entrelacs des jambes élancées et les becs recourbés en forme de corbeille sondent le fond dans une symbiose parfaite.

Les jambes graciles se frôlent délicatement sans jamais se toucher… les longs cous s’effleurent et glissent lentement dans l’onde où leur reflet ondule en une autre danse…

Une rythmique admirable et magistrale orchestrée à la perfection par une multitude de flamants roses.


Le Pipirit

Le ciel d’humeur maussade déverse sur la plaine verdoyante des litres de chagrin.

Ses pleurs sporadiques ruissellent le long des feuilles de bananier les habillant ainsi d’une multitude de strass brillants dont les élégantes se pâmeraient pour se vêtir.

Des gemmes minuscules scintillent sur l’étoffe longue et large du bananier alors que son drapé délicatement tissé, ondule fébrilement sous l’effet du souffle subtil d’un Éole timoré.

Tandis que les insectes sortent de leur cachette pour voleter en tous sens, la détresse du ciel et ses sanglots sont une aubaine pour le Tyran gris qui, s’avisant d’un perchoir plus stable, et répondant au joli nom créole de « Pipirit » se juche au sommet d’un papayer et savoure cet instant.

Il scrute méticuleusement les alentours, assuré de pouvoir puiser dans cette manne providentielle un substantiel repas.

Sa patience n’a d’égal que sa gourmandise et le regard tourné vers le ciel il l’interroge sur sa constance à se répandre pour s’assurer ainsi de copieuses ripailles.

C’est un jour sans soleil qui voit la magnifique création d’une nature ô combien généreuse et prête à toutes les audaces pour m’offrir ce spectacle merveilleux.


Le Solitaire siffleur

Dans cet écrin de verdure où le vert s’offre généreusement à mon regard et s’exprime à profusion loin du tumulte des Hommes je t’imagine, caché là à l’ombre du feuillage, immobile à observer le moindre de mes faits et gestes.

Je n’ai guère le temps de m’impatienter que déjà ton chant résonne dans la canopée comme un appel subtil pour annoncer ma présence ; alors les fougères arborescentes et les épiphytes se mettent à danser au rythme de ta mélopée.

La forêt entière vibre au son de tes notes magnifiquement sifflées et en mélomane avertie je m’immobilise, les sens en alerte et parfaitement à l’écoute du concert que tu entames.

Sans attendre, tes amis entrent en scène pour répondre en écho à ton récital et c’est un festival de notes ensorcelantes qui anime l’espace et l’inonde de gaité, comme une ruelle vivante en méditerranée où les uns et les autres s’interpellent joyeusement.

Les guirlandes de lianes s’animent et la vie pétille au milieu de cet entrelacs de feuillages et de racines, les branches couvertes de mousses plient sous l’effet du vent donnant ainsi l’illusion d’une ronde enfantine et c’est toute la forêt qui, malicieuse se met en mouvement pour elle aussi jouer sa partition.

Instigateur de cette symphonie tu es le maestro du sous-bois, un petit musicien à plumes qui sait parfaitement me réconcilier avec la vie et ce qu’elle a de plus beau à offrir au milieu d’une forêt riche et animée de ses joyeux lutins.


Madame Colibri falle blanc

J’ai enjoint la providence, réclamé l’aide de mes Anges gardiens et prié les Dieux pour avoir la chance de t’apercevoir… celle de t’observer.

Dans un enchevêtrement de branches et de lianes, je sonde chaque m² d’une végétation dense façonnée par le temps, sous les larmes spasmodiques d’un ciel chagrin, accompagnée du silence juste perturbé par le vent dans les branches.

Je m’exécute, consciente de l’improbable issue ! Seule au milieu d’une cathédrale de verdure où les fougères arborescentes, les balisiers, les lianes et les grands feuillus croissent librement et obstruent la visibilité, j’ai laissé mon regard fouillé l’espace aux infinies déclinaisons de vert pour tenter de t’entrevoir.

Habillée de vert olive métallique tu te fonds dans l’immensité végétale et je presse la colonie de mes Guides de m’apporter son soutien.

Comme pour me rappeler l’utopie de ma recherche, le ciel maussade et convulsif déverse son désespoir sur le sol détrempé, comptant autant d’ornières boueuses et glissantes que de colonnes d’arbres aux troncs imposants.

Lorsque contre toute attente, je t’aperçois virevolter entre les hautes herbes pour butiner quelques fleurs à nectar puis, disparaître brusquement en laissant derrière toi la joyeuse illusion de ta présence.

Mon cœur déborde de joie et explose en une multitude de bulles de plaisir, je t’ai entrevue et cherche obstinément à te revoir. Alors je scrute, j’examine, je décortique chaque millimètre de cet espace pour enfin te repérer au loin, prenant quelques secondes de repos.

Adorable lutin tu m’as comblée de ta présence et si je te sais l’amoureuse du Colibri à tête bleue dont tu es la partenaire tu n’en portes cependant pas le nom, votre dimorphisme sexuel est si net que tu es considérée ici comme une espèce différente appelée Colibri falle blanc.

Merci à mes Anges gardiens d’avoir entendu ma prière et de m’avoir offert à admirer cette miniature de colibri à l’extraordinaire énergie.


Mon graal

Un moment unique qui m’enchante et où je me sens l’heureuse élue d’un univers de silence aux espaces immenses et aux paysages grandioses.

Rien ne vient troubler la quiétude du lieu où seuls quelques oryx paissent à satiété sur une terre aride et partagent leur frugale pitance avec les gazelles de Thomson, une cohabitation calme et paisible.

Un décor presque irréel aux couleurs lavées par un soleil intense, une luminosité éclatante et une chaleur torride.

L’ensemble me transporte dans un autre monde, une autre dimension, de celle que l’on ne fait qu’imaginer car située aux antipodes de notre quotidien qui exclut l’autarcie choisie, loin du vacarme et du bourdonnement d’un monde en constante agitation.

Mon âme chavire et je sais que j’ai touché le graal… le silence absolu, le calme parfait, la sérénité totale, je rêve éveillée.

Fantastique sensation de faire partie du paysage, d’être avalée par les éléments, de me fondre dans cet univers de silence et de faire corps avec tout ce qui m’entoure.

Le ciel mutique embrasse cette terre discrète et tire à l’horizon des lignes géométriques donnant cette impression d’infini.

J’ai touché la perfection sur cette terre namibienne, précieuse sensation de m’y sentir chez moi et d’avoir flirté avec l’extrême plaisir !


Montés sur coussins d’air

Alors que le silence règne en maître sur la savane aride d’Amboseli et que le soleil darde ses rayons brulants sur cette terre exsangue, au loin, à l’horizon, des tâches sombres apparaissent qui s’animent et semblent avancer.

Enveloppées d’un halo de poussière, les tâches, petit à petit se dévoilent à mon regard pour devenir reconnaissables. Mes yeux humides de larmes s’écarquillent alors pour assister à l’approche des familles entières de ces superbes pachydermes dont le noyau compact enchâsse d’une ceinture protectrice les tout-petits ; des troupes resserrées menée à leur tête par des matriarches déterminées et massives, au regard empreint d’une profonde douceur.

Mon cœur s’affole, je suffoque d’émotion et je frémis de bonheur en réalisant l’extraordinaire de la scène qui se déroule là, devant moi à quelques mètres.

Des familles entières regroupant des dizaines et des dizaines d’individus dans une unité parfaite traversent la savane et se dirigent, comme aimantées, vers le bush où elles savent trouver le point d’eau que leur mémoire extraordinaire leur indique.

En fermant les yeux au passage de ces géants je n’entends aucun bruit, aucun son, comme si ces animaux hors gabarit se déplaçaient sur coussins d’air, comme si la savane se prosternait silencieuse en signe de respect devant ces monuments de chair et de muscles, comme si la nature leur ouvrait largement les bras pour des accolades secrètes.

Une concentration de puissance qui défile devant moi sans que le silence n’en soit troublé alors que chacun de nos regards échangés m’appelle à l’humilité, à l’admiration, et au respect de ce merveilleux peuple d’éléphants.


Opération à haut risque pour la Mouette atricille

Alors que certains amoureux se bécotent sur les bancs publics, d’autres plus « zélés » ailés se lancent dans une parade nuptiale bruyante et sophistiquée pour renforcer les liens de leur couple ou pour courtiser une éventuelle partenaire.

Après avoir palabré un long moment le long de la plage et conté fleurette à grands renforts d’appels charmeurs et de cris tout en rejetant la tête en arrière, il est temps de conclure.

C’est alors que mieux qu’un trapéziste, le galant fort de son adresse autant que de sa hardiesse, utilise ses ailes comme balancier et se risque, sans filet, à quelques acrobaties aériennes.

Que ne ferait-on pas pour transmettre ses gènes et perpétuer l’espèce ?

Le risque de s’échouer aux pieds de la belle est une possibilité qu’il ne faut pas négliger.

Pour éviter ce péril peu glorieux et ne pas paraître nigaud, il convient d’équilibrer les charges et de battre des ailes tout en se cramponnant à sa dulcinée, ce qui, vous en conviendrez, n’est guère aisé lorsque l’on a des pattes palmées.

L’accouplement, même s’il est un défi à relever pour la mouette atricille, reste un moment intense à observer pour le témoin que je suis et je remercie cette merveilleuse nature de m’offrir un si beau spectacle.


Quelques bouquets de plumes

Dans la brume et la grisaille de Walvis Bay la représentation de la compagnie des flamants rose sur la lagune m’émerveille.

Un ballet où s’exprime une multitude d’individus, toutes plumes au vent, la silhouette gracile, juchés sur de longues pattes roses fines et palmées ils se déplacent avec délicatesse comme une ballerine sur ses pointes.

Leur élégante chorégraphie s’articule autour de figures aériennes et légères où chaque danseur s’exécute avec grâce et harmonie, les longs cous plongent délicatement dans les eaux ondulantes de la lagune et les plumes flottent au gré de l’alizé d’un matin sans soleil.

La poésie s’est invitée sur les flots… les mouvements délicats de ces superbes jambes longilignes et l’écheveau de formes m’ensorcellent, les plumes se plient puis se dressent puis jouent au rythme du souffle parcimonieux d’un vent conciliant.

Ainsi va la vie en Namibie.


Un jour ordinaire

Éole expire son haleine chaude et enveloppante, décoiffe les feuillus, fait danser les longues nattes des palmiers et sèche les herbes mouillées de rosée.

À l’invitation du timide souffle du ciel, quelques feuilles intrépides s’émancipent des longs bras de bois protecteurs et se lancent à l’aventure.

Jalouses du merveilleux pouvoir de mes petits amis ailés, elles s’essayent au vol et tentent de les imiter avec grâce et légèreté.

Elles sont transportées par la magie de l’air et se hasardent à quelques arabesques, quelques vrilles et autres pirouettes et se laissent choir sur le moelleux tapis d’herbe, un peu étourdies par ce merveilleux voyage, encore surprises de leur audace.

Les fleurs au calice odorant, gonflées de nectar, ouvertes à la vie, s’offrent aux nombreux visiteurs gourmands pressés de les butiner.

Ainsi se déroule la vie dans une nature généreuse et féconde…

Bon-jour gens de la Terre.


Un tête-à-tête exceptionnel…

La nature recèle de trésors. Elle offre aux attentifs des bijoux rares et précieux, un monde parallèle fait de merveilles où l’ingrédient unique est la perfection, une terre subtile où foisonne d’innombrables trésors, des joyaux de création, des œuvres magistrales.

Le colibri tête bleue est l’une de ces extraordinaires merveilles qui remplit le cœur et comble l’âme.

Une beauté métallique ensorcelante, exceptionnelle.

L’apercevoir est comme se remplir de délicatesse et de légèreté, comme si une main céleste autorisait le regard à suivre l’intrépide dans sa course au butinage.

C’est un de ces moments rares qui nous changent et nous rendent meilleurs.

Merci la vie pour cette exceptionnelle rencontre !


Le Basilic Vert – « Jésus Christ »

Une prière de gratitude à mes anges gardiens pour les remercier de m’accompagner dans les méandres des canaux de Tortuguero et les enjoindre de me donner à voir, même fugacement, ce fameux Basilic vert dont chacune de mes lectures ont vanté l‘étrangeté… il aurait une faculté miraculeuse, celle de marcher sur l’eau, qui lui vaudrait le surnom de lézard Jésus-Christ.

Tendue à l’extrême je fouille du regard le moindre cm² avec l’espoir un peu fou d’apercevoir cet animal mystérieux.

Or, il y a tant de végétation, tant de branches, tant de souches, une forêt humide épaisse et presque impénétrable où le regard se perd et où je me sens un peu l’Indiana Jones du moment, lancée dans une palpitante aventure.

Mes oreilles bourdonnent de chants d’oiseaux, de cris de singes et alors que notre canoé se faufile dans une eau boueuse entre les souches immergées, un lézard Jésus-Christ montre le bout de sa crête.

Perché sur un arbre mort, au milieu d’une forêt de lianes, toutes plus envahissantes les unes que les autres, le mythique lézard aux écailles vert émeraude, au corps parsemé de points et tâches bleu turquoise, aux yeux jaune brillants et aux larges crêtes dressées comme des éperons sur la tête, le dos et la queue, semble tout droit sorti du crétacé tel un mini Spinosaurus attendant son heure.

Je jubile à sa vue et m’excite comme une enfant alors que notre embarcation continue de longer les abords marécageux.

La rencontre a bien eu lieu, courte certes, mais riche et si bouleversante que je vibre au rythme de cette exaltation qui m’enveloppe de milliers de bulles pétillantes et je sais déjà que le souvenir de cet incroyable animal s’est imprimé dans les profondeurs de mon âme.


Le yogi de la savane

C’est le moment de l’observation, de la contemplation ! celui où rien ne bouge ou presque… de ces moments où la vie coule paisiblement, de ces moments où l’on profite du paysage, où l’on se laisse vivre !

Comme le yogi en pleine séance de méditation ce Velvet semble habité par la sagesse, tel un ascète hindou, il paraît avoir atteint l’unification du corps et de l’esprit et respire la sérénité.

Dans cet espace de calme où la nature envahissante apporte à chacun de quoi satisfaire ses besoins, ce spécimen profite de ce que les arbres lui apportent en nourriture et en nombreuses possibilités de jouer les alpinistes.

Lorsque non loin les membres du clan fouillent le sol, déambulent de branche en branche ou à découvert dans la savane, notre yogi poilu tient la posture et analyse chaque situation, inspecte les alentours et parfois semble s’interroger secrètement des quelques singularités qui s’offrent à son regard.

Ses yeux absorbent et analysent avec minutie chaque détail, et si sa face s’anime parfois des différentes émotions qu’il paraît ressentir, son attitude impassible me le présente totalement imperméable aux évènements qui se déroulent, comme s’il était étanche à toute chose. Je l’imagine grand mage doté d’un discernement et d’une sagesse qui lui confèrent cette posture presque religieuse.

Ainsi va la vie chez les membres de la communauté des Velvets en Tanzanie


Une créature habillée d’automne

Mon regard s’abîme dans l’ocre de la terre labourée.

Les étendues plates révèlent des nuances de brun, de rouille et de cannelle, délicates déclinaisons de teintes toutes aussi chaudes les unes que les autres.

Les surfaces planes se mélangent et se démarquent par la subtilité de leur coloration et, lorsqu’un soupçon de caramel fusionne avec le brun châtain d’une terre humide, c’est une fusion raffinée et gourmande qui prélude à la plénitude.

Envoûtée par cette terre qui respire et qui, au petit matin, sécrète, par des effluves de terre mouillée, son plaisir d’accueillir la rosée, j’inspecte les alentours dans l’espoir fébrile d’y rencontrer ses hôtes.

Le temps égrène ses heures sans qu’aucune vie ne vienne troubler mon attente lorsque vient se poser à quelques mètres de mon poste d’observation la plus belle des apparitions.

Un superbe Faucon crécerelle vêtu de son manteau roux prend place sur un arbre mort et, comme un remerciement à ma patience, procède à une toilette minutieuse sous mon regard médusé.

Superbe créature au plumage chamois-roux tacheté tu m’offres le privilège d’entrer dans ton intimité. Ta toilette est une opération complexe qui nécessite toute ton attention et c’est remplie de gratitude que je suis témoin de cette mise en beauté.

Tes yeux ceints de jaune comme la cire de ton bec te rendent irrésistible, je me régale de ta présence et me repais de tes attitudes.

Comme tu es élégant, comme tu es soigné ! un délice pour l’observatrice silencieuse que je suis !

Tu procèdes à un nettoyage méticuleux et lisses une à une les plumes de ton bel habit pour retirer les parasites. Puis tu remets en place ta livrée et reproduis à nouveau l’opération en huilant l’ensemble à l’aide de ton bec, permettant ainsi de conserver la flexibilité et à l’imperméabilité de tes plumes et évitant le développement des champignons et des bactéries.

Telle était ma rencontre par un matin frais d’avril